Testament à l’enfant qui va naître
Dans le ventre où l'enfant s'arrondit
Il y a de l'espoir
Tu portes une charge légère aérée d'avenir
Ecce homo
Voici le soleil et quand les oiseaux
Ecrivent les pattes sur le sable
Ou bien les vagues d'herbe qui secouent la colline
Si tu cherches aux paroles
Des vérités premières
Ecoute les chansons…
Rien ne signifie rien à moins
Qu'on ne se taise. Et les mots catastrophent
Les uns comme des pierres les autres comme cendre
Jusqu'à la mort qui est braise
Quand les mots tombent à l'abîme
En cascades de rire en tremblements de terre
Comme les remparts de Ninive
Tout s'effondre
De présent en passé du passé à l'oubli
Dans l'archéologie des oreille déterrés
Des racines encrassées de la terre
Puis rien
Jusqu'à la mort qui est braise
Ta poésie n'a servi à rien
Puisqu'elle n'a jamais pu rien
Dire comme un fût définitif
Un pied de colonne assailli
Qui ne veut pas mourir
Ta marche vaine t'a cloué là
A l'encontre des vents
Et quand
La mer se retire
Le sable de tes mots est lavé
Et c'est bien
Ton savoir salue le sable intact les étincelles de sel
L'encre des poulpes qui teint le liquide enflammé
Les embruns les tintements les roulis de pierre
Les chahuts de vagues les corsaires disparus
Les navires à fond de sable
Le sable intact
la mer
le sel
le soleil
la terre
Puis rien
Jusqu'à la mort qui est braise
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