L'intruse

 

L’intruse

 

 

Ma maison, la bien-nommée : la renardière,

à cause de toi, ma sauvagine.

 

L'habitante inhabituée

 

L'infante, l'indomptée, l'insoupçonnée, l'intruse.

 

Haleine têtue de l'été, vigile du vent d'automne,

puis ma persienne de neige : Tu es là,

toujours absentée.

 

Défi à l'épouse fidèle.

Intruse qui refuse d'investir la maison

et d'habiter l'amour.

Ton regard fuyante rivière aux hameçons étincelants

 

Tu es sauvée de la possession.

 

J'espérais dans tous les pièges de tendresse

La chaîne des mains nouées,

Les doux filins des yeux,

La frise bleue des certitudes.

 

Ton absence a récusé le filet de mes champs hallucinés.

 

J'attends la nuit recluse :

ronde des renardeaux à la toilette de la lune

sur les pierres éblouies.

 

Puis, dans une échappée de fourrure

 

Les griffes de tes rires si rares

Agrippant ma folle inquiétude.

 

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