Ce village
J'aime ce village qui est le mien
Où la nuit venue
Les vents ayant échevelé les crêtes et les branches
S'engouffrent dans chaque vallée des sommeils
Avec un ronflement de fatigue
Les hommes dorment comme des laboureurs
J'aime ce village qui est le mien
Village lève tôt
Quand les matins bêlent
Le troupeau de l'aurore au fond de la vallée
Enroule des toisons
Epines des buissons
Gonflées du lait des matins bus
Aux pis outrés des chèvres de montagne
Les hommes plient leurs étendards de la nuit
Et sont prêts au velours
Les femmes ont lavé le miel entre leurs cuisses
Abeilles de la nuit
Et sont prêtes à préparer le jour
Tout est prêt pour un jour de sou neuf
On entend déjà les charrois
Sur les torrents de pierre
J'aime ce village qui est le mien
Village à l'ouvrage des jours
Qui chariera qui creusera bâtira
Qui peignera cardera allaitera ?
Le village à l'ouvrage jusqu'à l'échange de midi
Quand le soleil roule
Sur les vagues des toits aux tâches de rousseur
Rousse ta peau ma bergère au dur labeur
Quand tu plonges à midi
Dans la cruche de la maison