Les portes du silence

 

Les portes du silence

 

 

Dieu raconte en riant que la terre est radieuse

 

Il n'y a plus de hordes que celles barbares voulant nous envahir…

 

Ma tête échevelée comme une paillote lance

Des éclairs à tout-va, comme des cheveux ou des étincelles

 

Malgré cela, vous ne recevez aucun message

 

Les étincelles se retournent contre moi comme autant de piqures et les cheveux, picotements…

 

J'hésite à traverser l'espace

C'est une rue longée de grilles ou de maisons

L'étonnement d'un square où la longévité des murs arrête ma traversée insolite.

 

Il n'y a que la solitude pour parler franc mais sa franchise me vertige.

 

Essayer encore

 

Quelques mots prononcés tout bas paroles d'encouragement ou d'admonestation

Mais je suis mon seul témoin et poltron devant ma peur

La réponse grandit comme une vague qui m'enveloppe dans ses rouleaux et me fait perdre pied

Valve de ma conscience qui se ferme alors

L'espace d'un temps mort

 

 

Il n'y a pas un seul naufragé - marin fou ou cadavre hurlant -

Qui puisse entendre mon appel d'enfant qui pleure

 

La conscience est un espace restreint, comme un jardin fermé où se cultivent d'étranges fleurs animales, celles capables de dévorer vivants les insectes

 

J'avais déjà connu cela, je veux dire cette tentation de fermer les portes du jardin

Mais j'avais eu tellement peur de ces plantes carnivores

Et je fus tellement étourdi de couleurs vierges, notamment les bleus purs et les verts, ainsi que les jaunes vivaces

Que j'ai clôturé l'espace

Entre-ouvert

Et me suis réfugié pendant trente ans dans les ruines du monde

 

J'ai connu l'action ses pièges et les immondices des sentiments

 

Je me suis drogué pendant trente ans et de plus en plus pour rester allumé

Avivé par le carbone-éclair

Réanimé par la petite flamme bleue

Accroché à toutes les espérances

Basculé sur l'abîme du lendemain

En porte à faux comme une construction provisoire

Bouleversé par les écroulements de toutes sortes,

Hanté par les ecchymoses déjà bleues

Et haletant, haletant de courage, de courage ou de persévérance

(à tel point qu'autour de moi, on s'en étonna)

 

J'étais loin de l'enfance par ce lointain détour

Jusqu'au jour où s'ouvrent sans le vouloir les portes du silence

 

Je te remercie de me tendre ta main

 

 

 

 

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