Le passe-temps
Le temps qui passe tu le fends
De ton étrave et de ton sang
Celui d’une blessure fermée
Dont l’homme ne sait qu’il est né
Les désirs qu’on éteint comme des phares où
Chargés de leurs trésors les navires s’échouent
Les chevaux débridés de la vie et du sens
Ne renvoient que le bruit éperdu de nos pas
Le désordre du monde ordonne le fracas
Des fleurs d’acouphènes étoilant le silence
Les risques sans la mort et les chemins sans fin
L’espérance désespérée Les défis sans finalité
Travaille pour les triomphes sans lendemains
La mer que l’on aime à cause de son rire
Et l’argent qu’on révère en riant des avares
Le ciel nous sourit que l’on ne peut détruire
La terre a la couleur de l’or du dérisoire
O l’homme oblitéré par la bêtise humaine
Notre mépris mesure la tendresse qui manque
Ton bâton aveugle dans la main comme un viatique
Laisse là l’usage des sophistes et la philosophie
Que je t’appris jadis pour découvrir enfin
La leçon des sirènes et des cyrénaïques
Il n’est rien de vivant que les animaux morts
Et naturalisés aux regards confiants
Il n’est que la vie qui conjure le sort
Parce qu’elle est à venir dans les yeux des enfants
Il n’est rien entre nous d’autre que l’essentiel
Et le sang qui noircit les veines de l’azur
Et les mots sans aveu qu’on dit sous la torture
Autre qu’un héritier pour moi un fils naturel…